Longtemps, je n’aurai manqué pour rien au monde chaque soir sur France Inter la météo marine. Quelques minutes arrachées à la grisaille des jours. Moments intenses de poésie. Il me semble encore entendre la voix sans visage de Patricia Martin. Moments de rêves. Que de mots qui nous entraînaient vers des destinations proches ou lointaines aussi exotiques que mystérieuses, mais familières à force de les entendre. Sole, Est Bretagne, Sud de Corse, Iroise, Fisher, Ouest et Est Provence.. Nous ne savions pas toujours à quoi cela correspondait, ni où étaient Dogger et Utsire, pas plus la valeur d’un hectopascal qui semblait revêtir une importance crutiale, ne me demandez pas pourquoi, car seul compte la magie des mots. Il y avait aussi l’anticyclone centré sur les Açores. Un fameux celui-là, sensé nous protéger des flux d’Est et rétablir l’état du ciel. Que d’avis de grands frais et de coups de vent, de mer calme à agitée sur Sud Gascogne.
Même en habitant au cœur du Massif Central ou dans une profonde vallée alpine, pays aussi peu marins qu’il soit possible, nous étions bercés au gré de la houle d’Ouest modérée à forte, fraîchissant en milieux de journée devenant forte à très forte puis faiblissant en cours de soirée.
Soudain ! Patatras ! Voilà qu’on supprime l’émission. C’était maintenant il y a quelques années. Ne me demandez plus quand. Plus utile qu’ils disent !
Depuis je porte le deuil. Me voici orphelin des 6 Beaufort, de la visibilité réduite à 5 miles.
Circulez ! Y a rien à voir.
