Les regards et les pensées sont tournés en direction de cette journée froide d'automne 1918 qui marqua le fin de l'immense boucherie que fût la première guerre mondiale. La "der des der" disait-on impudemment alors sans savoir que la suite donnera tort aux survivants de cette abomination.
De 1920 à 1925, la France va se doter d'environ 30 000 monuments aux morts, chaque commune ayant à cœur d'honorer ses morts et disparus. La nation ne va pas non plus oublier que des milliers de jeunes hommes morts au combat, n'ont jamais été identifiés. On crée alors pour eux la tombe du soldat inconnu, ainsi les familles avait-elle un lieu où pleurer un fils, un mari, un père, un fiancé.
Ces monuments que l'on trouvent de la grande ville au plus petit village et depuis pieusement entretenus m'ont toujours interpellé.
Symboles de la volonté populaire, simples ou grandiloquents, pauvres ou "luxueux", ils sont les témoins dans la représentation qu'une époque voulait donner de la tragédie collective.
Je n'aime pas ceux qui montrent la fureur des combats, expriment les gloires. Parfois d'un goût discutable.
Parmi tout ceux que j'ai pu voir, deux me touchent plus particulièrement pour des raisons différentes. Le premier est celui de mon village. Il est signé Arnal, un sculpteur aujourd'hui oublié. On y voit un jeune berger qui s'incline le chapeau à la main devant la stèle où sont inscrits les noms des disparus. Tout à côté son chien semble vouloir le consoler. Lui lèche-t-il la main comme font des chiens en signe d'amitié partageant la peine de son maître? Il nous représente tous. Il représente la mémoire. Pour que jamais on oublie.
Un autre m'a toujours paru pathétique. C'est le monument de Bastia en Corse. Face à la mer et au port, donc au continent, Une femme, une mère semble faire don à la patrie de son fils. Combien de mères ont ainsi offert leurs enfants? De très nombreuses? Toutes? Mais je doute que ce soit avec une telle abnégation dans le sacrifice.
C'est l'occasion de rappeler l'ouvrage de notre camarade et ami Gilles Richomme à partir du monument aux morts de La Londe: " La Grande guerre vécue par les Poilus londais morts pour la France" et disponible auprès de l'association.