Une photo, peut en dire parfois plus long qu'un grand discours. Elle peut être belle, émouvante, drôle, rappeler un souvenir, témoigner. C'est un présent transformé en éternité. Mais au-delà de ce qu'elle veut montrer, que montre-elle d'autre de quoi nous parle-t-elle d'autre?
Le 11 mai 1987, c’est la première fois qu’un homme est jugé en France pour crime contre l’humanité. Il s'agit de Klaus Barbie, dit le boucher de Lyon, criminel de guerre allemand, officier de police SS responsable de milliers de déportations durant l'occupation.
Sur cette photo montrant son arrivée au tribunal, ce qui est important, ce n'est pas le personnage principal, un vieillard rattrapé par son passé, et qui durant son procès adoptera une ligne de défense peu honorable et vaine. Comme quoi il n'est pas nécessaire d'être courageux pour être un bourreau *. Ce qui est intéressant, c'est le regard des policiers en tenue d'intervention, qui l'accompagnent et doivent le protéger. On les sent tendus, dans la crainte d'un attentat. Celui de gauche ne le quitte pas des yeux prêt à toute éventualité, celui de droite qui forme haie avec ses collègues en chemise blanche le regarde interrogateur. Que se passent-il dans sa tête? le doute? la haine? le mépris? Certainement pas l'indifférence. Tous les autres regardent dans la même direction que le prévenu qui y a-t-il hors champ? Sans doute une foule et des photographes, d'où pourrait venir le danger. On peut sans doute aussi lire sur leur visage, la fierté de participer à un moment d'histoire, au triomphe de l'état de droit et de la démocratie dont il sont à leur place, les garants, face à un des rouages de la barbarie.
* Un autre criminel de guerre Maurice Papon ne montrera pas plus de courage devant ses juges ni de compassion vis à vis de ses victimes.
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