Par Michèle LAMBINET
Préhistoire, les hommes ont éprouvé le besoin de se protéger mais aussi de montrer leur puissance. A partir de l’âge de fer, dont les limites chronologiques varient selon les lieux, les peuplades ont aménagé de vastes enceintes autour de leurs habitats qu’on désigne communément sous le terme latin d’oppidum. Un oppidum (ou habitat perché fortifié de l’âge du fer) occupait une plate-forme naturellement délimitée et défendue par des abrupts ou des pentes prononcées, comme à Sainte Anne d’Evenos.
Ci-dessous deux photos prises le 21 mai 2014: Découverte des vestiges de Rougiers par quelques membres d’Alpha sous la conduite de R. Decugis Président de l’association «les chemins du patrimoine» d’Ollioules
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L’histoire nous enseigne qu’à partir du XIème siècle, des milliers de «châteaux ou forteresses de toutes tailles» ont été érigés sur le territoire français. Ils furent édifiés souvent sans trop de moyens financiers grâce au recours à la corvée (travail obligatoire effectué gratuitement par les habitants soumis au pouvoir seigneurial). Les premiers châteaux étaient en bois. La pierre était réservée aux plus puissants qui avaient l’argent pour son extraction et sa mise en place par un personnel qualifié.
Autrefois, notre département n’était pas un pays riche. Exceptées quelques familles de très vieille noblesse, aucune ne posséda jamais, les moyens de faire construire un château digne de ce nom. Et pourtant, dans les austères bâtisses médiévales, où vivait une noblesse guerrière et batailleuse, on trouvait des personnalités éprises de poésie. Les cours d’amour (jeux courtois médiévaux dans la bonne société) qui s’y tenaient n’étaient pas rares. En témoigne celle du château féodal de Pierrefeu-du-Var qui était bâti au sommet de la colline dominant la partie ancienne du village actuel.
Aux cours des XIII et XIVèmes siècles, pas mal de châteaux ont été abandonnés ou remaniés pour les rendre plus fonctionnels et plus agréables. Certains étaient relativement vastes et complexes notamment celui des seigneurs de Fos à Hyères ou celui de Forcalqueiret, qui était l’une des plus importantes forteresses médiévales du Var avec Rougiers et Pontevés…Le style gothique, venu du nord, n’a jamais eu la faveur des provençaux. Aussi, n’en trouvons-nous que de très rares exemples (Astros, Vins, Montfort).
La Renaissance a marqué une rupture spectaculaire entre la fonction militaire du château et la fonction résidentielle. De larges fenêtres percent les murs, des cours d’honneur sont créées, un décor sculpté apparaît, les salles sont plus vastes, dotées de jolies cheminées et de plafonds peints. C’est de cette époque que naît un modèle de château qui va perdurer jusqu’au XIXème siècle. Le château est souvent un édifice carré ou rectangulaire flanqué de quatre tours rondes (parfois deux). Ses façades sont très sobres et percées de fenêtres régulières. L’étage noble est le premier. Ce modèle avec quelques variantes s’est diffusé dans le Var, comme dans le reste du royaume de France. Le château de Vins-sur-Caramy construit au XVIème siècle est l’exemple type de ces riches demeures sobres à l’extérieur et raffinées à l’intérieur.
Au grand siècle (=XVIIème siècle=celui de Louis XIV), de nouveaux châteaux sont apparus en Provence et les anciens ont été fréquemment remodelés.
A Entrecasteaux , on estime qu’une première forteresse en pierre fut bâtie au XIème siècle. Détruite, elle fut reconstruite au XIIIème et le château actuel fut réalisé en majeure partie aux XVI et XVIIèmes siècles. Cette demeure souvent décrite comme une grosse masse cubique, sans grâce, et qu’aucune tour ne cantonne, surplombe un jardin dont les plans furent dessinés par Le Nôtre, le célèbre jardinier du roi soleil (roi Louis XIV dit aussi Louis le Grand).
A Tourves, le château de Valbelle réaménagé au XVIIIème siècle n’a laissé dans l’histoire que le souvenir d’un marquis amoureux qui multipliait les fêtes pour une noblesse provençale insouciante à l’époque où le peuple en souffrance souhaitait l’abolition des privilèges. Pillée à la révolution, la bâtisse a fini dans un incendie en 1799. Il en reste une colonnade et un obélisque qui intriguent les non-initiés.
Les pillages, brigandages, épidémies, famines et surtout les ambitions ou guerres (ambitions de Charles Quint, de Louis XIV, guerres entre seigneurs, guerres de religion etc...) ont provoqué la ruine d’une grande partie des châteaux féodaux. Aussi, dans le Var comme dans d’autres départements français, on rencontre un peu partout, des pans de murs ou des tours à demi écroulées (Bargème, Pontevés...).
Le château de Pierrefeu-du-Var fut détruit pendant les guerres de religion, mais on peut encore découvrir quelques vestiges à son emplacement. A Hyères, les guerres entre catholiques et protestants ont laissé des traces plus impressionnantes. En 1596 Henri IV avait donné ordre de raser partiellement la forteresse. C’est Louis XIII qui fit procéder à son démantèlement définitif en 1620, ce qui explique l'état actuel des vestiges. Ils ont été classés au titre de «Monument Historique» en 1862 et depuis quelques années un chantier de fouilles y est organisé en septembre.
Pendant la période révolutionnaire (fin du XVIIIème siècle), de nombreux châteaux varois ont été pillés ou détruits, certains ont même totalement disparu. Les habitants d’Entrecasteaux avaient demandé la démolition de l’édifice qui revenait à deux héritières et grâce au curé du village, il fut sauvé. A la même époque, à Vins-sur-Caramy, il en fut autrement, la bâtisse fut confisquée et vendue comme bien national divisé en 10 lots. Plus ou moins abandonné par ses propriétaires un siècle plus tard, le château s’est fortement dégradé dans les années 1930. Seule la partie sud de la façade et les tours étaient encore debout lorsqu’un groupe d’amis parisiens le découvrit en 1959 par hasard, en tomba amoureux puis l’acheta pour le restaurer. (voir historiques et photos sur les diaporamas pour Entrecasteaux et Vins)
Au cours du vingtième siècle, l’initiative de particuliers ou celle de collectivités locales a permis la renaissance de multiples vieilles bâtisses et celles-ci sont devenues un atout touristique supplémentaire.
La découverte des vieux châteaux varois, qu’ils soient publics ou privés, est d’autant plus agréable et intéressante qu’elle se fait «sous le soleil» trois cents jours par an. Il importe de souligner que leur visite permet de découvrir certains aspects du passé provençal et surtout un arrière-pays calme, riche en champs de vignes, oliviers ou restanques. Reste à faire connaître et respecter ces édifices ou vestiges.
Pour découvrir Entrecasteaux ou Vins-sur-Caramy, la Provence Verte dispose de sites internet explicatifs fort bien documentés. Par contre comme les photos sont parfois en nombre limité, je vous propose deux diaporamas avec textes et photos relatifs au patrimoine de ces deux villages varois
Pour Entrecasteaux cliquer sur:
http://etc-etc.fr/sss.php?d=entrecasteaux pour visionner en format sss
Pour Vins faire:
http://etc-etc.fr/sss.php?d=vins pour le format sss
http://etc-etc.fr/media/vins.pdf pour le format pdf
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