vendredi 16 février 2018

DES HISTOIRES DE CLOCHES VAROISES



En préparation à la conférence sur le patrimoine républicain qui aura lieu à La Londe-les-Maures le 23 février 2018 Michèle Lambinet nous propose deux extraits du livret intitulé :
Le patrimoine de la république en Provence Verte par Jean-Marie GUILLON professeur d'université à Aix-Marseille.


«Aujourd’hui encore, nombre de personnes sont fascinées par le passé ancien qu’elles idéalisent et négligent le passé récent. Elles associent monuments de l’Antiquité, du Moyen Âge ou des Temps modernes (celui des rois) et le patrimoine.
Beaucoup de guides ou de brochures touristiques reflètent encore cette conception dépassée du patrimoine, celle qui prévalait lorsqu’au milieu du 19e siècle, a été créé le classement aux Monuments Historiques. Or la notion de patrimoine s’est élargie à des oeuvres de plus en plus récentes, et souvent considérées jusque-là comme mineures ou négligeables. C’est ainsi que, très récemment, elle a pris en considération, par exemple, les monuments aux morts de 1914- 1918 ou bien encore des immeubles du 20e siècle (notamment certaines caves coopératives de notre région), enfin jugés comme des oeuvres architecturales significatives du style, mais aussi de l’activité d’une époque.(….)
Protéger ce patrimoine et le faire aimer, ce n’est donc pas seulement préserver un legs matériel, c’est aussi faire comprendre aux citoyens d’aujourd’hui, ceux d’ici et ceux qui viennent d’ailleurs, ce que le mot République veut dire.»


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«Jusqu’au 20e siècle, les cloches jouent un rôle fondamental dans l’organisation de la vie de la commune : en rythmant la journée de travail, en lançant l’alerte, leur contrôle est autant une responsabilité qu’un pouvoir. Longtemps, ce contrôle a été le monopole de l’Église. Le développement des communautés d’habitants va de pair avec celui d’un contre-pouvoir municipal, qui s’affranchit de la tutelle religieuse en substituant le campanile au clocher, autrement dit le temps profane au temps religieux. Sa tour, en faisant écho à celles du château et de l’église, matérialise l’émancipation municipale face aux pouvoirs seigneurial et religieux.


Sous la Troisième République, la multiplication des beffrois, cloches et horloges sur les bâtiments publics participe à la républicanisation de la vie villageoise ; l’aspiration à un temps profane se transforme en revendication d’un temps laïc. Les cadrans s’installent sur les façades des mairies et mairies-écoles, comme à Tourves, Brignoles, Le Val ou Montmeyan ou sur les toits, comme à Seillons-Source-d’Argens, La Celle et Brue-Auriac.


La construction ou l’entretien du campanile représentent souvent un enjeu majeur pour les municipalités républicaines. En avril 1875, à Varages, l’un des propriétaires d’une maison attenante à l’horloge fait exhausser sa maison sans autorisation. Ce mur, en plus de masquer le monument public, nuit à la diffusion du son. Le maire rouge Étienne Bayol décide dans les jours qui suivent son élection d’attaquer en justice le propriétaire. À Saint-Martin-de-Pallières, sous le mandat du maire républicain Auguste Philippe Guion, la commune forme le projet de faire ériger une tour d’horloge publique. Les conditions financières sont réunies en 1876 et la municipalité fait appel à Lucien Verlaque pour dresser les plans du projet. L’ouvrage, terminé en 1879, est orné d’une plaque sculptée portant la date « 1877 ».
Lorsque la mairie ne possède pas de campanile, le contrôle et l’entretien des cloches sont des facteurs de tensions entre autorités civiles et religieuses.


A Pontevès:
Le remplacement de la cloche de l’église, brisée en 1871, provoque une querelle entre la mairie et l’église, qui ne s’entendent pas pour le financement des travaux. Un accord est finalement trouvé, mais la nouvelle cloche porte une inscription quelque peu provocante :« SOUS LA REPUBLIQUE EN ATTENDANT UN ROI ! ». Quelques mois seulement après la proclamation de la République, cette affaire fait grand bruit au point de faire déplacer M. le sous-préfet de Brignoles. Le curé martèle l’inscription dans la nuit qui précède l’inauguration. L’affaire en reste là.



 Le clocher et le campanile de Pontevès



A Sainte-Anastasie-sur-Issole:

Un conflit s’ouvre en 1882 à la veille de la célébration de la fête nationale. Deux hommes, envoyés par le maire, se rendent à l’église paroissiale pour faire sonner la cloche et annoncer la fête républicaine. Le curé s’y oppose et exige que l’autorisation lui soit demandée au préalable. Le maire s’exécute et l’invite ironiquement à s’assurer que ses hommes n’emportent ni la cloche ni le clocher ! . La fête du 14 juillet est finalement bien annoncée à son de cloche.»


Liens pour faire une balade historique à Pontevès depuis votre fauteuil:
http://etc-etc.fr/media/ponteves.pdf
ou http://etc-etc.fr/sss.php?d=ponteves




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