vendredi 19 avril 2019

Reconstruire Notre-Dame!

Tandis que les dernières fumées sont à peine dissipées, dans l'émotion générale, de grandes voix s'élèvent, sans doute sans atteindre les cieux mais pour rester bien sur terre. Le Président de la République lui-même dans un geste héroïque et quelque peu précipité, annonce que la cathédrale sera reconstruite en 5 ans et plus belle qu'avant. Ouf! Nous voici rassurés. C'est pourtant bien imprudent quand on connait le désengagement constant de l'état dans la sauvegarde du patrimoine, si ce n'est pour se défausser, faire appel aux dons privés et à la charité publique. Dans le même temps ou presque est lancé un concours auprès des agences d'architecture, alors que personne ne connait encore l'état de la structure du bâti et par conséquent l'étendu de la restauration.
Par ailleurs, on polémique déjà autour de la question du choix de la maitrise d'ouvrage, si ce doit être une restauration, par conséquent à l'identique absolu ou une reconstruction. Doit-on figer N-D dans son passé ou bien lui ouvrir des perspectives innovantes? Question qui est posée depuis Viollet-le-Duc sans avoir jamais trouvé de réelles réponses.


                                                 Exemple de projet innovant avec centre commercial et parc d'attractions à thème


Certains se positionnent déjà et parlent d'une flèche en carbone, d'une charpente en béton précontraint, d'autres s'inquiètent à juste titre de savoir si pour un tel chantier on pourra disposer d'assez d'entreprises agréées et d'ouvriers qualifiés. Les Compagnons du Devoir, issus directement par filiation des bâtisseurs des cathédrales estiment de leur coté qu'ils ne disposeront pas de tailleurs de pierres, charpentiers, couvreurs etc.. en quantité suffisante, que la plupart sont déjà engagés sur d'autres chantiers d'importance, et que leur formation est longue (6 ou 7 ans). Devra-t-on faire appel à du personnel non spécialisé? Par conséquent non qualifié.


Autre sujet d'inquiétude. Quelles seront les entreprises susceptibles d'avoir l'expertise requise et en même temps la solidité économique et logistique vu la taille du chantier? Pour la plupart des sociétés du secteur, se lancer serait par conséquent une décision hasardeuse. Alors ne risque-t-on pas de retrouver les "majors" du BTP : Vinci, Bouygues et consorts avec leur mode de fonctionnement et la cascade de sous-traitances qui en résulte. Cela nous remet en mémoire les constructions de l'Opéra Bastille, de la Grande Arche de la Défense, de l'Aéroport de Roissy avec tous les problèmes parfois graves et souvent dommageables survenus quelques années plus tard.


Voilà qui n'est guère rassurant. Gageons que le temps de l'émotion passé, la raison reprendra ses droits.





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