mardi 19 janvier 2021

Bianca Cappello chez les charbonniers



Bianca Cappello est une noble vénitienne de la renaissance renommée pour sa grande beauté. Née en 1548, elle meurt à l'âge de 39 ans empoisonnée à l'arsenic avec son mari François Ier de Médicis. C'est sans doute le propre frère de celui-ci, le cardinal Ferdinand de Médicis qui a commandité le meurtre. On avait le sens de la famille les Médicis! 

En 1933 l'historien Pierre-Gauthiez publie chez Plon une biographie romancée de la belle Bianca non rééditée et aujourd'hui introuvable hélas. 

Nous vous livrons ici un extrait de ce livre qui donne une idée des conditions de vie des charbonniers, pauvres bougres s'il en est.

Bianca est en voyage par une contrée sauvage et désolée. Égarée, lasse et affamée elle trouve refuge dans une masure. C'est la maison de charbonniers. On peut parfaitement penser que le description bien qu'en Italie du Nord et à une époque ancienne, ne devait guère différer de la vie des charbonniers des Maures au 19eme s.


.... il fallu frapper à une masure perdue, qu'indiquait la faible lumière filtrée par un auvent fendu.

On était chez des charbonniers, de ceux qui fabriquent la braise de bois avec des troncs de châtaigniers et les rameaux des baliveaux. Deux espèces de diables noirs ouvrirent la porte, en ôtant le pieu qui la retenait par derrière. Une vieille femme apparut, aussi crevassée que le sol où s'étaient abimés les pieds de Bianca. Elle fit de grandes exclamations en voyant cette belle fille à demi morte de fatigue. Elle s'empressa gentiment, fit chauffer de l'eau, lui baigna les pieds, pleura presque en les voyant ensanglantés par les ronces. "Pauverina! pauvrette! répétait-elle, la bonne vieille. Et lorsque ces beaux pieds blancs furent lavés, et pansés d'huile fine, elle les porta à ses lèvres, d'un mouvement à la fois humble et maternel.

Ces charbonniers étaient tous, par fortune, de braves gens. Ils firent cuire des châtaignes,  bouillir du lait, ils tirèrent même d'un pot de grès brun certain cuisseau de chevrette rôti et fumé, qui fit avec un peu de riz et de piment, un très bon petit souper. Et le plus vieux des hommes alla chercher, dans la cantine qui flanquait la maisonnette, un fiasque ventru dans sa gaine de paille, et versa du chianti, le chianti divin de Pistoie, qu'il avait ramené jadis de la ville en échange de son charbon. 

Mais, après que Bianca eut dormi longtemps sur la paillasse de la vieille, rembourrée de fougère sèche, bien que son gros habit de serge brune et son manteau de laine brute l'eussent préservée à peu près du froid nocturne, si cruel à cette hauteur de six cents mètres, il apparut clairement qu'elle ne pouvait point faire à pied le chemin nécessaire pour retrouver la poste et les chevaux.

La vieille fit chauffer du vin, afin de restaurer la pauvre fillette. Et Bianca le but à long traits, en redemanda....

Engourdie par le froid et le vin, Bianca quitte ensuite les pauvres charbonniers à dos d'homme dans une sorte de hotte et poursuit son voyage.


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