mardi 30 novembre 2021

Pour visiter Hyères. Un guide du voyageur. 5eme épisode.


En 1834 les guides Michelin n'existaient pas encore, et de loin. Ne parlons pas du Routard, ou même des guides Bleus... Néanmoins le voyageur n'est pas pris au dépourvu. 

1834 On ne parle pas encore de La Londe, Horace Vernet est directeur de la Villa Médicis à Rome et pense plus à l'Algérie dont la conquête militaire est en train de se faire qu'aux Bormettes, dont il ignore vraisemblablement encore l'existence. Cependant  un ouvrage pratique détaillé à l'usage du voyageur que l'on n'appelle pas encore touriste est mis à sa disposition. C'est ce guide que nous vous proposons de découvrir à partir d'aujourd'hui.

Le texte que nous allons découvrir est recomposé pour une lecture plus aisée, mais nous avons tenu à en respecter l'orthographe originale.


On poursuit la visite de la ville

RUINES DU CHATEAU.



L’intérieur de la ville offre peu d’intérêt aux étrangers, aussi les détails que l’on en donne ne sont destinés que pour ceux qui, fixés à Hyères pour quelque temps, sont bien aises de le connaître et de le parcourir ; mais on doit leur indiquer avec plus d’empressement les ruines qui couronnent cette cité, à laquelle elles donnent un aspect à la fois aimable et pittoresque On y parvient par la porte dite de Fenouillet et par les rues montantes de la cathédrale. Ordinairement l’inspection des ruines a eu général quelque chose d’attachant, l’imagination réfléchie aime à y étudier la forme et la structure de chaque débris, à les réunir, les placer et relever en entier l’édifice ou le monument dont on contemple la destruction; le genre et le caractère des personnages, les mœurs et les coutumes de l’époque qu’il rappelle, se joignent à cette fiction, et vous retracent de concert des événemens, des souvenirs éloignés sur lesquels on aime à méditer... Les ruines du Château d’Hyères sont faites pour exciter cet intérêt chez les voyageurs qui y portent leurs pas. Projeté par des colons industrieux mais saccagés dans leur patrie, la construction du Château rappelle d’abord l’idée de ces temps de barbarie où le règne de l’intelligence et des lois n’étant pas solidement établi, des forbans d’outremer venaient impunément piller et dévaster les côtes de la Provence. Plus tard, devenu la retraite de sûreté des seigneurs et le théâtre de leur pouvoir vaniteux, ce Château, quoique tombé sous la main des hommes et du temps, offre aussi par sa position élevée et par ses restes menaçans, l’image de ces établissemens féodaux d’où sortaient sans révision des sentences de vie et de mort, des traités de paix et de guerre. Des remparts crénelés, sept à huit tours solidement bâties survivent à l’édifice principal, et ces objets que la mousse couvre ou que le lierre grimpe aujourd’hui, témoignent toutefois des siéges et des combats que les Charles de Naples, les Raymond de Turenne, les troupes de Henri III et de Henri IV livrèrent à ce manoir, les uns pour se disputer la place d’Hyères, les autres pour y établir leur autorité méprisée et pour punir la rébellion ou le fanatisme religieux. Il existe également des routes souterraines qui attestent les moyens ingénieux que prenaient alors les assiégés pour assurer, malgré les difficultés du terrain, leur fuite ou leurs communications secrètes. Une de ces routes a été découverte depuis peu de temps au haut de la ville, dans le petit jardin de M. Meissonnier, notaire.

La visite des ruines d’Hyères procure, en outre, des impressions plus flatteuses et plus positives c’est la vue d’un paysage qui de leur élévation se déroule aux regards avec des grâces et une majesté inexprimables, les tableaux aimables et poétiques que l’on y rencontre vous retiennent des heures entières, et l’on ne peut s’en séparer sans rendre en quelque sorte hommage au lieu qui en commande la perspective.

M. Casimir Valeran, possesseur des terres du Château, a fait clore cet héritage historique ; c’est par ses soins que des routes nouvelles et moins fatigantes vous conduisent sur le plateau qu’il a orné d’une plantation de mûriers et d’un kiosque qui favorise le point de vue. Ce propriétaire a fait aussi réédifier le pavillon où la reine Jeanne venait autrefois charmer ses loisirs.



ABBAYE SAINT-BERNARD.


Non loin des ruines du Château se trouvent les encombres et les murs lézardés de l’abbaye royale de Saint-Bernard. Cet établissement, qui jouissait de plus de 15,000 francs de revenus, fut dévasté dans la révolution de 93 ; il était occupé par les filles nobles de l’ordre de Citeaux. En 1409 il servit de lieu de refuge aux religieuses de Saint-Pierre d’Almanarre, dont le monastère situé aux bords de la mer venait d’être la proie des pirates. Saure de Glandevés reçut l’union des deux couvens sous Benoît XIII. Les restes de cette abbaye, dont la supérieure était crossée, attestent encore son rang nobiliaire et sacerdotal. En 1780 l’abbé Papon visita les archives de ce couvent, dans l’espoir d’y trouver quelques matériaux pour son histoire de Provence


Prochainement: Les environs de la ville, les rivières, les salines, la vallée de Sauvebonne, épisode n°6


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