mardi 23 novembre 2021

Pour visiter Hyères. Un guide du voyageur. 4eme épisode.


En 1834 les guides Michelin n'existaient pas encore, et de loin. Ne parlons pas du Routard, ou même des guides Bleus... Néanmoins le voyageur n'est pas pris au dépourvu. 

1834 On ne parle pas encore de La Londe, Horace Vernet est directeur de la Villa Médicis à Rome et pense plus à l'Algérie dont la conquête militaire est en train de se faire qu'aux Bormettes, dont il ignore vraisemblablement encore l'existence. Cependant  un ouvrage pratique détaillé à l'usage du voyageur que l'on n'appelle pas encore touriste est mis à sa disposition. C'est ce guide que nous vous proposons de découvrir à partir d'aujourd'hui.

Le texte que nous allons découvrir est recomposé pour une lecture plus aisée, mais nous avons tenu à en respecter l'orthographe originale.

                                       

      

Hyères d'hier au temps de la Monarchie de juillet


                     HISTORIQUE D’HYÈRES.


La. Ville d’Hyères, connue sous le nom latin d’Areœ, conservé en provençal par celui d’Iéro, remonte à une haute antiquité. Tout porte à croire, selon les chroniqueurs, que les Camatulliciens qui habitaient les côtes maritimes de Toulon à Saint-Tropez en ont jeté les premiers fondemens, et que, quoique peu considérable, elle existait déjà au sixième ou septième siècle, lorsque l’Olbie du port de Léoubes, où la fixent Papon, Danville et plusieurs autres, fut détruite par les pirates Sarrasins. De sorte que Areœ obscure et presque inconnue avant l’apparition des Sarrasins, aurait servi de lieu de refuge aux Marseillais qui habitaient Olbie. Mais rien ne serait moins vraisemblable que Hyères fut l’ancienne Olbie de Strabon, de Méla et de Ptolémée. Areœ aurait donc été accrue et fortifiée par les Olbiens qui la firent prospérer sous la protection du Château-fort qu’ils construisirent sur le point dominant et qui fut un objet de terreur, pour ses ennemis. Les Romains, maîtres de la Provence, auraient ensuite eux-mêmes habité Hyères, couvert d’habitations ses alentours et cultivé son territoire. L’induction de ce fait est tirée de ce qu’on a découvert, dans le temps, deux pierres tumulaires attribuées à des familles de ces conquérans et placées l’une dans la rue Sainte-Catherine, l’autre dans la maison de M. Boutiny, rue Cheval-Blanc ; des sépultures romaines sous le coteau de l’Hermitage, ainsi que des monnaies d’Antonin-le­Pieux et de Constantin-le-Grand; en outre, un beau pavé en mosaïque dans les terres de M. Clapiers, au nord-est de la ville Voilà les notions historiques et primitives d’Hyères qui offrent le plus de créance. Cette ville, en 980, passa sous la dépendance des vicomtes de Marseille, de la branche des seigneurs de Fox, qui la perdirent en 1662, avant le règne d’Ildefons 1er, pour la recouvrer ensuite dans la guerre que Guillaume VI, comte de Forcalquier, suscita contre Ildefons Il, maître de la place d’Hyères. Après avoir été l’objet de guerres intestines, Hyères jouit d’une grande importance, puisque en 1200 elle fut décorée du titre pompeux de Nobile Castrum Arearum. En 1257 Charles 1er, roi de Naples et comte de Provence, attachant un haut prix à la possession d’Hyères et surtout de son château qui la rendait une des fortes places de la côte de la mer, en acquit la propriété des vicomtes de Marseille. En 1289 Hyères avait un viguier, Toulon n’était que bailliage. Mais insensiblement cette dernière ville réunissant tous les avantages pour la guerre et le commerce, les possesseurs de la Provence en firent leur objet de prédilection, et Hyères, perdant l’avantage de sa position militaire, vit s’évanouir sa splendeur. Toutefois l’agriculture répara cette déchéance ; l’étranger Rodolphe de Liman construisit, en 1490, un canal d’arrosage qui donna à Hyères une véritable richesse. En 1519 les Maures ravagèrent son territoire, et en 1536 Charles V lui préparait une seconde dévastation, quand Doria, son général, l’épargna à raison de l’attachement qu’il portait à Hyères. Sous le règne de Henri III, en 1589, la population embrassa le parti de la Ligue. Son Château, défendu par le baron de Mévouillon, fut attaqué et battu. C’est sous Henri IV que cet antique manoir, aux remparts crénelés et flanqués de tours, fut démantelé, après 8oo ans d’existence, pour satisfaire le ressentiment de ce prince. Hyères était une des douze sénéchaussées de la Provence ; l’honorable M. Dellor, encore vivant, a été son dernier lieutenant. Elle a été visitée, en 1254, par Saint Louis, à son retour de la Terre Sainte, et, en 1564, par Charles IX qui, frappé de la beauté de son terroir, s’y arrêta cinq jours.

Telle est l’histoire succincte de cette ville que l’étranger désire toujours de connaître en arrivant dans ses murs. Aujourd’hui Hyères est simple canton de justice de paix. Sa population est de 10,042 habitants dont 3000 environ de la campagne ; elle est dans le département du Var, à trois lieues de Toulon.


Prochainement: Les ruines du château et l'abbaye St Bernard, épisode n°5


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