mardi 21 décembre 2021

Pour visiter Hyères. Un guide du voyageur. 8eme épisode.




En 1834 les guides Michelin n'existaient pas encore, et de loin. Ne parlons pas du Routard, ou même des guides Bleus... Néanmoins le voyageur n'est pas pris au dépourvu. 

1834 On ne parle pas encore de La Londe, Horace Vernet est directeur de la Villa Médicis à Rome et pense plus à l'Algérie dont la conquête militaire est en train de se faire qu'aux Bormettes, dont il ignore vraisemblablement encore l'existence. Cependant  un ouvrage pratique détaillé à l'usage du voyageur que l'on n'appelle pas encore touriste est mis à sa disposition. C'est ce guide que nous vous proposons de découvrir à partir d'aujourd'hui.

Le texte que nous allons découvrir est recomposé pour une lecture plus aisée, mais nous avons tenu à en respecter l'orthographe originale.


De la géographie et du climat salutaire...


SITUATION TOPOGRAPHIQUE D’HYERES ET SON ETAT SANITAIRE.




La ville d’Hyères s’élève en amphithéâtre sur le versant méridional d’une colline ; elle est à environ vingt-cinq mètres au-dessus du niveau de la mer, et s’étend aujourd’hui du nord au sud-est à environ cinq cent mètres, de l’est à l’ouest à six cent. Sa latitude est de 43 degr. 6 min. 20 second. ; sa longitude, de 23 degr. 47 min. 10 second. Le mont élevé de Château protège cette cité contre les vents du nord, connus sous le nom de mistral, tandis que des collines boisées, d’un fort joli aspect, sont groupées en demi-cercle du levant au couchant, et lui servent de barrière contre les vents qui viennent de ces deux points ; de sorte que la ville n’est ouverte que sur son midi, où l’on découvre sa riche plaine, la mer et les îles. Les montagnes voisines de Toulon, de Fenouillet, des Maures et de Carqueranne, sont autant d’auxiliaires qui préservent Hyères de la rigueur des frimas. Avec une telle exposition on peut dire que la ville est en hiver comme une véritable serre pour les santés délicates. Cette vérité se vérifie quand de la route de Toulon, où l’on peut se trouver par un mauvais temps, on approche d’Hyères ; la transition est tellement sensible, que l’on croit arriver sous un autre hémisphère les vents y ont perdu leur furie, et l’air y est puissamment adouci. Aussi l’état habituel du thermomètre en hiver est depuis 10 degrés au-dessus de glace jusqu’à un au-dessous. Souvent même il s’élève en plein air, dans les beaux jours, jusqu’à 14 et 15 degrés.

Il est généralement reconnu que la température d’Hyères est un peu moins froide en hiver que celle de Nice, surtout le soir et le matin ; et que les vents et l’humidité exercent dans cette dernière ville une influence beaucoup plus désagréable qu’à Hyères. La cause en est attribuée à la seule position topographique des deux cités Nice a le voisinage des Alpes, elle est en plaine et aux bords de la mer ; un torrent la traverse. Hyères est élevée et entourée de collines ; ses rues sont en pente, et la distance qui la sépare de la mer est d’une lieue. En été comme en hiver l’air y est sain, il acquiert même une propriété agréable et peu commune en passant sur toutes les collines et à travers tous les végétaux qui peuplent son terroir. A ce sujet, les habitans de la ville d’Hyères doivent de la reconnaissance à M. Divernois, ancien conseiller d’état à Genève, qui, à force de travaux et d’argent, est parvenu à convertir en terres riantes et productives les marais qui usurpaient les bas-fonds de la plaine d’Hyères. Ce bienfait, depuis si long-temps attendu, a paralysé entièrement l’incommodité des fièvres qui, en été, inquiétaient bon nombre d’habitans.



Les personnes malades, surtout celles qui sont atteintes ou menacées d’affections nerveuses et poitrinaires, de la goutte, de l’asthme et de rhumatisme, ne peuvent manquer de trouver à Hyères mieux qu’à Nice le plus grand soulagement. Telle est l’opinion de M. Fodéré, professeur de médecine à la faculté de Montpellier, dans la relation de son voyage aux Alpes Maritimes ; telle est celle que M. Landrey-Beauvais, doyen de la faculté de Paris, a manifesté en choisissant Hyères pour son séjour d’hiver. Pendant six ans ce séjour a été en quelque sorte pour M. Auguste de Talleyrand un brevet de vie. Son éloignement d’Hyères pendant l’hiver de 1832 n’a pas peu contribué à sa mort.

Chaque année une foule de valétudinaires se rétablissent parfaitement, mais le bienfait serait plus grand si les malades ne venaient généralement trop tard chercher la température douce et embaumée qui règne à Hyères.


Prochainement: Où et comment se loger àHyères et dans les environs, épisode n°9


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire