mardi 21 juin 2022

Provence terre de cinéma (3)

 Quittons Nice et la Victorine pour nous rapprocher de La Londe et remontons dans le temps.


Il est un cinéaste qui a eu son heure de gloire pour d'avoir réalisé le 1er film parlant français: "Les trois masques" sorti en 1929. C'est André Hugon. André Hugon est le réalisateur et producteur prolifique de près d'une centaine de films entre 1913 et 1952, hélas souvent hélas tombés dans l'oubli. Nous dirons simplement qu'il n'a pas laissé un souvenir inoubliable dans le petit monde de la cinéphilie. Mais pour nous il a quelque chose de plus, qui retient notre attention. Sa filmographie regarde résolument en direction de la méditerranée et il mériterait pour cela qu'on puisse voir à nouveau ses films. Il connaît le succès en adaptant les œuvres de l'écrivain provençal Jean Aicard (Roi de Camargue, 1921 ; Maurin des Maures, 1932, Gaspard de Besse, 1935) tournés dans les maures autour de Soliès-Ville.


En 2001 Cédric Kahn a tourné à La Londe des plans de Roberto Succo film sur le tueur en série italien qui a sévit dans le début des années 80. Film qui a fait polémique à sa sortie et dû subir des interdictions, accusé de faire l'apologie du meurtrier. Ce n'était pas vraiment le cas, mais n'entrons pas dans cette discussion. 

Mais c'est à notre voisine Hyères que revient la palme d'or des cités cinématographiques.




Hôtes des Noailles dans leur villa Hyéroise, Luis Buñuel, Man Ray et Jean Cocteau y tourneront respectivement l'Age d'Or en 1930 et les Mystères du château de Dé en 1929. Le Sang d'un Poète en 1930. 3 films surréalistes qui feront dates et provoqueront un scandale. 




Buñuel en bon "anar" espagnol, y attaque en vrac et sans ménagement la bourgeoisie, les institutions, l'armée, la religion et le clergé. Man Ray lui emboite le pas. Cocteau passera mieux avec une image plus poétique, moins radicale et surtout moins provocatrice.
Leurs relations avec les Noailles qui subiront des pressions de toutes part s'en ressentiront.  

Marcel Pagnol en 1938 toujours à Hyères tournera des scènes de la Femme du boulanger  avec l'irremplaçable et merveilleux Raimu.
Bien plus tard, c'est Agnès Varda, qui tournera des scènes de L'une chante, l'autre pas en 1977 Puis François Truffaut en 1983 y tournera Vivement Dimanche. 
Ce n'est pas bien-sûr un catalogue complet et de loin. Il faudrait aussi citer plus récemment le Grand Bleu de Luc Besson ou Le Parfum de la dame en noir de Bruno Podalydès, ou Pierrot le fou de Jean-Luc Godard et tant d'autres… 




 

                                        Simone Berriau plage

Restons à Hyères pour parler d'un personnage particulier: Simone Berriau. Chanteuse lyrique, comédienne, directrice du théâtre Antoine à Paris. Dans l'entre-deux guerres elle est la coqueluche du tout Paris et du public. Elle s'installe à Hyères en 1934, fait l'acquisition d'un domaine viticole le Domaine de Mauvanne. 


Le domaine verra passer tout ce qui compte à l'époque dans le milieux artistique. Citons Charly Chaplin, Louis Jouvet, Cécile Sorrel, Colette. C'est avec cette dernière comme scénariste et le Grand Max Ophuls à la réalisation, Simone y tenant bien entendu le premier rôle, qu'est tourné en 1935 en grande partie au domaine le film qui sera sa consécration à l'écran dans le rôle titre: " Divine". C'est l'histoire d'une jeune campagnarde pauvre qui décide de monter à Paris tenter sa chance au Music-hall. Elle y perdra ses illusions et son innocence, mais y découvrira l'amour et reviendra dans sa campagne. C'est l'occasion pour Colette et Ophuls de décrire la monde des coulisses de la scène, des artistes et des petites mains du spectacle que sont les techniciens. 
Au début des années 60 sur des terrains qu'elle avait acquis aux Vieux-Salins elle à l'idée d'y bâtir un village d'artistes en bord de mer.
 Cette station se composera de quatre immeubles et d'une tour hôtel de neuf étages, d'un restaurant, d'un théâtre de verdure, d'un centre commercial, d'une piscine et d'un port de plaisance. De nombreuses mosaïques en céramique seront réalisées par l'architecte de l'ensemble le toulonnais Pierre Pascalet. 

              Céramique de la résidence S. Berriau

Les choses démarrent bien, Raf Vallone et Jeanne Moreau poseront la première pierre de cette opération. 
Parmi les premiers acheteurs figurèrent  les acteurs Louis de Funès, Jean Richard et Michel Serrault. Mais le projet est peu rentable à un moment où le théâtre Antoine rencontre des difficultés financières. En 1967 elle doit vendre le domaine de Mauvanne pour renflouer le théâtre et éponger le déficit de Simone Berriau plage. 

(A suivre vendredi 24 juin)
                                                  

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