La scène se passe au cours des années 30 dans un village de l'Aude: Ginestas. Le travail de la vigne est dur, et particulièrement dans ce département languedocien où la production est égale à la sueur qu'il réclame. Et si Dionysos, connu également sous le patronyme de Bacchus, préside aux destinées de cette terre depuis plus de 2000 ans, force est de constater qu'il ne fait pas grand-chose pour les pauvres vignerons qui s'éreintent et s'écorchent les mains à produire le divin nectar. Ce jour-là, dans leur vigne, travaillent les dénommés Rouch et Azema et un méchant coup de pioche bute sur un caillou. On se baisse pour le jeter au loin. On s'étonne. C'est une tête. Pas celle d'un humain pardi! mais celle en marbre qui avait dû appartenir à une statue.
Expertisée, On découvre que c'est une représentation de Dionysos . Ça ne pouvait pas mieux tomber! Le dieu de la vigne et du vin. Celle-ci prend alors la direction du musée archéologique de Narbonne, où elle est encore, escortée par le sieur Fabre un jeune archéologue amateur qui sans vergogne s'en octroi la découverte. Bien entendu comme on a la tête, on cherche le corps. En vain. Elle restera introuvable et l'est encore.
A peu de distance, un peu plus tard un certain François Charrié découvre une excavation cachée sous une dalle dans le sol de sa vigne. Il en parle à son fils Joseph, les choses en restent là.
Le temps passe (mais sait-il faire autrement).
François a laissé son bien à son fils Joseph (C'était ainsi à l'époque). Il continue aidé de son fils Jacques à s'éreinter et à s'écorcher les mains sur ce coin de terre. Nous sommes en 1957. Le père et le fils procèdent à cette époque à un arrachage des ceps et au défonçage du champ pour replanter. Comme jadis pour Rouch et Azema, un méchant coup de pioche rencontre un caillou. Un gros celui-là. On s'emploie à le dégager et on constate qu’en fait de caillou, c'est d'une dalle qu'il s'agit. On soulève la dalle. En bon paysan Joseph jubile, il pense au puits qui aurait été refermé dont lui avait parlé jadis son père. Qui dit puits dit eau. Hélas tout est sec de sec! Adieux arrosages tant espérés!
Le sieur Fabre passe par là (l'histoire ne dit pas pourquoi ni comment). Branle-bas de combat, Fabre prend la direction des opérations. Tout le monde s'en mêle dans une joyeuse effervescence, le maire, le curé, le secrétaire de mairie, l'institutrice et bien d'autres encore.
On sonde, il y a une profondeur de 9 mètres. On installe un treuil pour descendre mais c'est trop étroit pour un adulte. Ce sera un enfant (quelle époque!) qui descendra au bout d'une corde. Un petit prince qui n'est d'autre que le petit neveu d'Antoine de Saint-Exupéry.
L'exploration permet de déterminer que nous sommes en présence d'une cheminée d'aération d'un aqueduc romain souterrain. Ainsi se font les découvertes...Bien entendu, le sieur Fabre, s'empresse de s'attribuer la paternité de l'invention. On ne se refait pas!
Cette histoire véritable rapportée par un des protagonistes, mon ami Jacques Charrié, nous ramène à des temps révolus. Aujourd'hui les fouilles archéologiques sont plus strictement encadrées par la loi ce qui n'était pas tout à fait le cas à l'époque. Il n'y a pas lieu de le regretter.
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