vendredi 15 mars 2024

HORACE VERNET, QUOI DE NEUF?

 

L'exposition Horace Vernet qui se déroule à Versailles s'achève. Il ne pouvait y avoir meilleur lieu pour cette rétrospective, les œuvres les plus importantes sinon les plus impressionnantes du peintre y sont exposées et intransportables au vu de leurs dimensions. On se souvient de l'exposition du MUCEM sur Abdelkader où la prise de la Smalah faisait défaut et avait dû être représentée par une projection de très grande qualité pédagogique par d'ailleurs. 

21 x 6 m excusez du peu! Çà ne se prend pas sous le bras. L'exposition versaillaise  présentait 400 œuvres de cet artiste prolifique. Toiles bien sûr, mais aussi lithographies, caricatures, dessins de mode et de façon très émouvante la palette du peintre. Plus quelques sculptures d'autres artistes le représentant, dont une équestre surprenante, grandeur nature pinceau et palette à la main...

 


Nous ne reviendrons pas sur la vie de l'artiste, ni sur la place qu'il a occupé dans l'art du XIX eme siècle, Nous en avons abondamment parlé dans ces pages et à l'occasion de conférences ou dans les ouvrages édités par ALPHA, mais il nous faut nous attarder sur la maîtrise de la main du maître et sur sa sensibilité. Deux toiles sont particulièrement remarquables sous cet angle, "Edith retrouvant le corps d’Harold" (1) et "Le Choléra à Toulon à bord de la Mélpomène " issue des collections Musée des Beaux-arts de Marseille. 

Loin de la froideur et de la désincarnation que lui reprochait Baudelaire et ses détracteurs, on trouve ici la preuve d'une humanité et un sens de la compassion. Dans le premier on voit la stupéfaction et la souffrance à venir une fois passé le choc de la découverte du corps d'Harold dans le regard d'Edith. 



Tandis que dans le second c'est encore toute l'humanité des hommes qui est retranscrite ici à travers le trio constitué par le jeune mousse blafard, les yeux révulsés et proche d'une agonie, de l'homme à casquette, sans doute le "bosco", qui l'accompagne de façon paternelle et semble interroger le médecin qui prend le pouls du malade et dont le regard signe son impuissance devant la maladie. 



Qui osera dire qu'il n'y a pas une très grande sensibilité. Nous sommes à des années lumières des scènes de batailles, des peintures d'histoire et illustrations des gloires militaires qui ont fait la réputation de Vernet et il faut le dire le rejet.

Nous sommes à Versailles dans la troisième rétrospective depuis la mort du peintre en 1863, et celle-ci n'échappe pas aux critiques des contemporains. Dans la première au tournant du siècle il était reproché à Vernet sa facilité, sa légèreté, on peut dire aussi son dilettantisme. Nous savons qu'il n'en était rien. Dans la seconde rétrospective, à l'école des Beaux-arts de Paris au début des années 60 alors que la "mode" était à l'abstraction et au rejet d'une peinture trop figurative voire de la peinture tout court au profit des "installations et des vidéos". Peinture qualifiée parfois même de "pompiers" en référence à certains peintres des dernières décennies du XIX eme qui n'avaient pas su ou pas pu prendre le tournant de la modernité incarnée par les impressionnistes et poursuivaient une carrière sanctifiée par une bourgeoisie conservatrice et triomphante. Alors qu'en est-il de cette exposition au XXI eme siècle? Et bien il fallait s'y attendre. La critique est toujours en phase avec l'époque qui la porte. Cette fois ce sont des voix qui s'élèvent pour fustiger le contempteur de la colonisation. Ce n'est pas entièrement faux, mais ce qui l'est par contre, c'est cette manière constante de juger les choses et les gens à l'aune du présent et de la pensée contemporaine. Enfin pour clore cette polémique aussi stérile qu'inutile, rappelons qu'une commémoration ou une rétrospective n'est pas là pour attribuer des bonnes ou des mauvaises notes mais pour montrer les choses d'une époque dans le contexte d'une époque en faisant abstraction de tous regard contemporain. 

(1) Une œuvre inspirée d'un épisode de la bataille d'Hastings.

Le tableau du musée Thomas Henry à Cherbourg, Edith retrouvant le corps d’Harold après la bataille d’Hastings peint par Horace Vernet en 1828 s’inspire d’un épisode de la bataille d’Hastings, tel que raconté par l’historien romantique Augustin Thierry dans L’Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands (1825). Au lendemain de la bataille d’Hastings (1066), qui a vu triompher les armées de Guillaume le Conquérant, des moines de l’abbaye de Waltham se mettent en quête de la dépouille du roi saxon Harold, tué d’une flèche dans l’œil, pour lui donner une sépulture décente. Après de vaines recherches, ils requièrent l’aide de la maîtresse d’Harold, Édith, surnommée « la belle au cou de cygne ». Vernet représente l’instant, intensément dramatique, où Edith reconnaît le corps de son amant mort.

Enfin voici un article paru dans le magazine "L'HISTOIRE" à propos de l'exposition.
C'est une excellente analyse, à quelques réserves près sur des détails biographique de Horace Vernet, mais ce n'est pas vraiment le plus important.


NDLR: Melle Mars était la voisine car son l'hôtel particulier était contigu de celui de Vernet au pied de la colline de Montmartre à Paris


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