vendredi 23 août 2024

Les enfants du Levant


Tout est dans tout, et rien n'est par hasard. 

En poursuivant des recherches sur le peintre Horace Vernet, un nom se fait jour, Pourtalès ou portalès comme on voudra. Le comte James-Alexandre de Pourtalès, ou Jacques-Alexandre de Pourtalès comme également on voudra, c'est la même personne. Ce riche banquier suisse,  protestant à l'implantation internationale et aux multiples passeports est un "client" d' Horace Vernet mais aussi de son gendre Paul Delaroche.  Soit! C'est là que la mémoire a un rôle à jouer. J'avais déjà rencontré ce nom. Laissons la roue tourner. Elle s'arrête net sur une lecture  déjà ancienne qui avait fait l'objet d'un signalement ici même: Les Enfants du Levant de Claude Gritty. 


Voir; 
https://www.blogger.com/blog/post/edit/1899153596320811241/6669671289633272717 

Mais si nous étions bien en famille, il ne s'agissait pas de ce Portalès là! Mais alors qui était-il? fils, neveux, petit-fils de James-Alexandre ? Extrêmement difficile de s'y retrouver dans l'arbre généalogique des Portalès. 

Ultime ressource Wikipedia! Examinons la fiche d'Henri faut de mieux.
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Le 6 août 1857, un citoyen suisse, le comte Henri de Pourtalès achète l'île du levant à Melchior de Grivel. Le 8 janvier 1861, il est autorisé à y créer une colonie pénitentiaire. Ces lieux sont destinés aux jeunes détenus condamnés à un emprisonnement de plus de six mois et qui n'excède pas deux ans ainsi que les acquittés ayant agi sans discernement, mais non remis à leurs parents. Toujours selon la loi, ces mineurs sont « élevés en commun, sous une discipline sévère, et appliqués aux travaux de l'agriculture, ainsi qu'aux principales industries qui s'y rattachent. Il est pourvu à leur instruction élémentaire. » L’idée du législateur en créant les colonies pénitentiaires est de rééduquer les jeunes délinquants, pour la grande majorité coupables de mendicité ou de vagabondage donc issus de milieux pauvres voire sans parents, par des travaux agricoles dans un cadre régi par des règles sociales et religieuses. Ainsi, la colonie agricole pénitentiaire de sainte Anne nait. Les 148 premiers détenus arrivent le 23 mars 1861 et cette main d'œuvre gratuite atteint presque trois cents individus le 28 septembre 1866. L'agriculture est orientée vers la viticulture, avec un vignoble de 40 ha — vin du Titan —, et la fabrication de pipes de bruyère. Ceci suppose d'arracher des souches de bruyère, d'ébarber des racines, de débiter des ébauchons et enfin de lustrer les pipes sur des tourets à polir. Ces tâches s'effectuent dans des conditions de vie difficiles dues à une nourriture frugale, des vêtements en haillon, une hygiène approximative sur un fond de brimades constantes. Des tentatives d'évasion ont lieu ainsi qu'au moins cinq révoltes.



Le 2 octobre 1866, éclate une révolte tragique au cours de laquelle treize enfants sont brulés vifs. Ceci se déroule quatre jours après l'arrivée de 65 nouveaux en provenance de la colonie horticole de saint Antoine proche d'Ajaccio. Cet établissement, qui vient de fermer, est la colonie correctionnelle destinée aux insoumis des colonies agricoles. Cet apport représente un accroissement soudain de 23 % des 283 résidents préalables202. Dès leur arrivée de nombreux « Corses » refusent de travailler. Dans cette ambiance, prenant pour prétexte une mauvaise nourriture, une nuit, après l’extinction des feux, avec force cris les dortoirs sont saccagés. Puis les geôles où se trouvent des camarades punis sont ouvertes. Ensuite les magasins de vivres sont pillés et les révoltés, munis de pioches et de couteaux, s'enivrent. Finalement treize présumés « espiesap » (mouchardsao) sont enfermés dans l'un des magasins auquel est mis le feu. L'ensemble se déroule alors que les gardiens, pourtant armés de sabres et de fusils, et autres adultes n'osent pas intervenir hormis le gardien du sémaphore qui, poussé dans une tranchée, a une jambe cassée et assiste impuissant au drame. Le 4 octobre, acheminés par la gabare à vapeur RobusteI, le sous-préfet, le procureur impérial, un juge d'instruction et le capitaine de gendarmerie à la tête de 14 gendarmes appartenant à deux brigades de gendarmerie ainsi que 70 hommes de troupes de ligne d'une section d'infanterie coloniale arrivent et l'ordre est rétabli. Le procès en assises de seize participants est très largement retranscrit dans la presse nationale et anglo-saxonne à partir des données fournies in extenso par Le Droit et la Gazette des tribunaux. Il en résulte quatre condamnations à des travaux forcés à perpétuité, dix peines de détention allant de 3 à 10 ans et deux acquittements.


La colonie pénitentiaire est évacuée le 23 novembre. Pendant cette période, quatre-vingt-dix-neuf détenus de 10 à 20 ans, soit un peu plus de 9 % des 1 057 détenus, sont morts sur l'île. 
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Depuis 1994, se trouve dans le cimetière une stèle surmontée d'une croix portant sur ses quatre faces le nom des décédés d'alors.

La boucle est fermée! Le banquier suisse, protestant, et un brin esclavagiste on dira aussi peu scrupuleux, s'en tire sinon avec les honneurs, du moins sans y laisser trop de plumes. Dormez tranquille, l'empereur veille disait-on à l'époque! C'était le Second Empire. Une époque où l'argent tenait lieux de morale. Tiens tiens!


En 2021 un opéra poignant est monté, dédié au jeune public et interprété par le chœur d’enfants de la Maîtrise de l’Opéra de Lyon avec un livret de Christian Eymeryet et sous la direction musicale de Karine Locatelli.

Extrait: 

https://www.bing.com/videos/riverview/relatedvideo?q=les+enfants+du+levant&mid=ED7485316114FEA67214ED7485316114FEA67214&FORM=VIRE


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