mardi 19 août 2025

Colette et la Treille Muscate


Pour le reprise de notre blog après la pause estivale, jetons un regard presque indiscret sur une ancienne voisine. Peut-être ne nous en voudra-t-elle pas?

Colette l'écrivaine aux multiples vies posa un jour ses valises à Saint-Tropez. Nous sommes en 1925. Elle y restera 12 ans. Elle y acquiert une maison qu'elle nommera la Treille Muscate en raison d'un pied de vigne qui poussait aux abords du puits de sa propriété. La maison est modeste, elle devra pour son confort l'agrandir au fur et à mesure de ses besoins.

Reprenons un large extrait d'un texte de Geneviève Dormann issu d'un livre qu'elle lui a consacré (1). Extrait qui respire à plein poumons la joie de vivre et le bonheur des jours et des soirées du Sud.

                                                             Colette à la Treille Muscate


"À partir de 1926, Colette s'attache à arranger à son goût sa propriété de Saint-Tropez. La maison est moins grande que celle de Rozven (2) qu'elle vient de vendre. Quatre petites pièces sans confort et près de la cuisine, une terrasse orientée au nord  et couverte de glycine. Mais il y a aussi un hectare de terres, des vignes, un jardin, un petit bois de pins, des figuiers et un puits entouré d'un pied de raisin muscat qui inspirera le nom de Treille Muscate. Au fil des années, Colette va transformer la maison, y faire construire de nouvelles pièces, un patio et un garage au bord de la route. Bientôt sous ses "doigts verts"; le jardin va crouler sous les fleurs: mimosas, lauriers roses, térébinthes et volubilis; Colette, en automne sera fière du produit de sa vendange.

Pendant douze ans, la Treille Muscate sera son domaine d'élection. Elle y viendra souvent pour écrire, en été et même en hiver. Il y a entre les lignes de "La Naissance du jour", tous les parfums de la Treille Muscate.

Colette très hospitalière, recevra beaucoup à la Treille Muscate. Anciens et nouveaux amis vont, viennent, se succèdent. Il y a les peintres Dunoyer de Segonzac, Luc-Albert Moreau et sa maîtresse, Moune, la violoniste Hélène Jourdan-Morhange, le critique Gignoux, Thérèse Dorny et Nora Auric. Il y a souvent Bel-Gazou (3) qui deviendra une jolie jeune fille.

Les déjeunés arrosés de vin du cru sont très gais. Beaucoup se souviendront des melons verts, des anchoïades, rascasses farcies, bouillabaisses, et autres aïolis dont ils se sont régalés à la table méridionale de Colette. Héléna Bossis qui venait à la Treille Muscate avec sa mère Simone Berriau (4), se souvient d'y avoir vu Colette, remuer, fatiguer la salade à la main, les doigts luisants d'huile d'olive. L'odeur de l'ail flotte en permanence sur la maison, se mêle aux effluves des lys roses, des pétunias et des tubéreuses du jardin. Colette toute la journée, croque des grains d'ail comme des bonbons (5).

Quand la nuit tombe, à l'heure où se déchaînent les cigales, où les pétunias embaument, Colette regagne sa terrasse où elle aime dormir à la belle étoile.

Elle viendra pendant 12 ans à Saint-Tropez, jusqu'à ce que les vacanciers bruyants, envahissant le petit port et les environs, rendent sa maison inhabitable. Déjà en août 1930 elle fait saisir légalement une carte postale en vente sur le port, sans son autorisation, et qui représente "la maison de Colette" (6)."


Les notes sont de la rédaction.

(1) Amoureuse Colette aux éditions Herscher. 1984

(2) En Bretagne sur la Côte d'Emeraude, .

(3) La fille de Colette et de Bertrand de Jouvenel, qui deviendra journaliste, sera résistante et militante féministe, née le 3 juillet 1913

(4) Simone Berriau Directrice du Théâtre Antoine à Paris, propriétaire du domaine du Galoupet et promoteur de la résidence d'artistes au départ qui porte son nom au hameau des Salins à Hyères.

(5) Colette la bourguignonne s'est fort bien adaptée, on le voit, à sa nouvelle vie provençale! Pourtant sa gourmandise et son appétit féroce (en toutes choses) aura plus tard des effets nocifs sur sa santé dont elle pâtira hélas terriblement.

(6) Avec une faute à son nom! "Collette"
Si elle avait connu le St-Trop des années 60 et ensuite...


Bonne lecture et à mardi prochain


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