jeudi 2 février 2017

LA PRISE DE LA SMALAH D'ABDELKADER PAR HORACE VERNET 1/4

Le peintre Horace Vernet reste au centre des préoccupations d'ALPHA et à juste titre de bien des londais. Plaçons un instant sous les projecteurs une des toiles les plus emblématiques du Maitre.


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                                                      (Cliquez sur l'image pour agrandir)


Le visiteur du château de Versailles ne manquera pas de s'arrêter longuement dans la galerie des batailles du musée de  l'histoire de France devant l'œuvre magistrale à plus d'un titre d'Horace Vernet, même si on se doit de garder un œil critique, sur cette toile longue de 21 m et de 5 m de haut. Une des plus grandes de l'histoire de la peinture. 


                                                                              L'œuvre dans son contexte

Au début du XIX siècle l'Algérie bien qu'autonome faisait officiellement partie intégrante de l'Empire Ottoman. Le 14 juin 1830 par décision de Charles X, un corps expéditionnaire fort de 35 000 hommes sous les ordres du Général de Bourmont prend pied à une trentaine de kilomètres à l'Ouest d'Alger à Sidi Férouch et atteint la capitale dans les premiers jours de juillet. La ville ne résistera guère.


       Le débarquement de Sidi Férouch

Le 23 juillet 1834 une ordonnance royale proclame l'Algérie possession française.
 Mais la conquête du pays n'en était pas pour autant terminée. La "pacification" ne fut effective que dans les années 80 soit environ 50 ans après le début de la conquête.
Nous n'aborderons pas ici les motifs ou plutôt prétextes ayant justifiés cette expédition militaire déclenchée sur fond d'instabilité politique, pas plus que nous n'entrerons en détail dans des événements qui pour ce qui concerne notre sujet se déroulèrent sur 13 années et concernèrent quatre régimes politiques différents. (1)
Mais la résistance algérienne s'organise. Elle est menée par des chefs de tribus valeureux mais sans grande cohésion entre eux, faisant en cela le jeu des français. C'est alors que s'impose la personnalité d'Abdelkader.


                                                                                   L'émir Abdelkader

 Il est le fils d'un calife auquel il succède mais préfère par modestie par rapport à son père, le titre d'émir (chef) plutôt que celui de calife (sous-entendu successeur du prophète). Il fédère les tribus et devient le chef et le principal artisan de la résistance. Le vent tourne. Un temps les troupes françaises sont en passe de subir d'importantes défaites et de perdre pied, mais avec l'arrivée en juin 1836 du Général Bugeaud dont la mission est d'écraser la révolte et qui utilise la politique de la terre brûlée, c'est le retournement de situation. L'avancée des troupes coloniales est inéluctable.

                                                                                    Le Gal. Bugeaud



Le 16 mai 1843 une colonne forte de 1300 fantassins et 600 cavaliers, chasseurs, gendarmes, et spahis sous les ordres du duc d'Aumale, fils cadet de Louis-Philippe, attaque par surprise et par hasard la smalah d'Abdelkader ! En effet le campement dela Smalah s'est établi autour d'un point d'eau, près de Boghar et le détachement français qui marche dans une zone aride est à la recherche d'une source pour se ravitailler. Un éclaireur indigène aperçoit la smalah.  La surprise est totale. La bataille sera brève. En une heure et demie, le campement sera détruit. Bien que numériquement en infériorité, les français s'emparent de la smalah sans coup férir. Mais l'émir qui s'était lancé à la poursuite des chasseurs de la division de Mascara dans l'Ouest algérien, absent, échappe au désastre. Sa famille est emmenée en otage, ses trésors saisis, sa bibliothèque dévastée. Le Général Paul Azan historiographe d'Abdelkader écrira, que l'émir "éprouva une violente douleur à suivre la trace de la colonne française retournant à Médéa, par les feuilles arrachées aux livres qui lui avaient coûté tant de peine à réunir". (2 )


                                                                                      Le duc d'Aumale

 Abdelkader continuera la lutte jusqu'en décembre 47, date à laquelle il se rendra avec les honneurs militaires et la promesse d'être envoyé en exil avec les siens à Alexandrie. Mais les choses se passent différemment. Embarqué sur un navire, il est emmené à Toulon où il sera, toujours avec sa famille et sa suite, mis en quarantaine à Saint-Mandrier avant d'être transféré aux Morillons, fort Lamalgue en dépit des promesses faites. Louis-Philippe est favorable à l'exil, mais le parlement s'y oppose.


                                                                         la reddition d'Abdelkader

                                                                                Plan du fort Lamalgue

 Ce qui n'est pas sans provoquer des remous chez les militaires dont la fibre parlementaire n'était pas très vigoureuse, et qui s'estiment bafoués par ce qu'ils considèrent comme un parjure.
En avril 48 Abdelkader sera transféré à Pau, puis enfin à Amboise.
Il est oublié dans la tourmente révolutionnaire de l'époque et ce n'est qu'en 1852 qu'il sera libéré par Napoléon III et envoyé à Istanbul.

(1) pour un récit complet se reporter à :
 https://fr.wikipedia.org/wiki/Conqu%C3%AAte_de_l'Alg%C3%A9rie_par_la_France
(2) pour un récit complet de la bataille par des témoins directs :
  http://www.military-photos.com/smala.htm 


Prochain épisode demain: Qu'est-ce que la smalah ?

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