vendredi 19 janvier 2018

Note de lecture





Les Enfants de l'Île du Levant par Claude GRITTI
Édit JC Lattès


Claude GRITTI est lavandourains. Très enraciné dans son terroir passionné de pêche et d’histoire, Claude Gritti, retiré des affaires à 39 ans, s’est pris de passion pour l’écriture et la recherche documentaire. En 1999 il publie son premier roman: Les Enfants de l'Île du Levant.


C'est au cours d'un travail toponymique sur les calanques des îles d’Or, qu'il découvre sur l’île du Levant le cimetière du bagne dite colonie agricole de Sainte-Anne. Une centaine de jeunes forçats y reposent. Durant quatorze ans, Claude GRITTI a collecté des centaines de documents, des rapports de l’administration pénitentiaire, des lettres des forçats à leur famille, des copies des tableaux de punitions, des extraits d’état civil des victimes de la colonie.


Nous sommes en 1861 Napoléon III règne en maitre après son coup d'état de 1851. Une loi promulguée par le "Prince Président" en 1850 prévoit l'instauration de "colonies agricoles" pour incarcérer les mineurs, petits délinquants, voleurs de pommes ou de pain, orphelins, ou simplement vagabonds, résultat de la misère du temps dans une époque où se constituent d'immenses richesses, où triomphent Offenbach et la bourgeoisie d'affaire. Protection, rédemption, éducation par le travail sont les faux nez de ces institutions. Il s'agit en réalité de véritables bagnes pour enfants. Ils ont entre 6 et 20 ans. La gestion de ces pénitenciers est confiée sous le contrôle assez lâche et souvent complaisant de l'administration à des investisseurs privés. La rentabilité prime, la cupidité est le plus souvent la règle, la brutalité, les sévices ainsi que les privations tiennent lieu de pédagogie. Les enfants sont une main d'œuvre gratuite et corvéable maintenus dans des conditions proches de l'esclavage. De 1861 à 1878 il y aura 99 décès parmi les détenus, soit environ 10 % des effectifs. En cause, les maltraitances, la malnutrition, l'absence de soins, les mutineries de la faim parfois extrêmement violentes, les suicides, les accidents.


Le roman (mais en est-ce vraiment un?) décrit ce monde inhumain où les enfants (lueur d'espoir) organisent leur survie, se protègent les uns les autres face au monde des gardiens. Un livre poignant.

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