vendredi 27 septembre 2019

La famille Vernet en Avignon



En juillet au temps du festival et de la folie touristique, il est une petite rue en Avignon que presque personne n'habite. Tortueuse, longue d'une petite centaine de mètres, étroite au point de ne supporter que le piéton ou quelques carrioles. Cette voie est déserte bien qu'à deux pas du tumulte. Qui aurait la témérité de s'y engager?

Quelques voyageurs égarés? Un cantonnier pour y tuer le temps à l'abri des regards?

Cette ruelle est la rue Horace Vernet. Peintre, 1789-1860 indique la plaque.  Je vois d'ici l'œil du lecteur averti s'assombrir, les sourcils se froncer. 1860 ! Non seulement la ville d'Avignon a donné son nom à cette voie improbable mais elle a retiré trois années de vie au malheureux. Pas pour lui les meilleurs certes mais tout de même!

La cité des papes est la ville de Joseph, le grand père d'Horace. C'est là qu'il est né. Il y a sa rue, une des plus longues mais aussi des plus larges. Car Joseph Vernet est ici le grand homme.
 
En Avignon le musée Calvet possède des salles Vernet et sa galerie Vernet, une des plus majestueuses du bâtiment. On peut y admirer bien entendu des toiles de Joseph, mais aussi d'Horace et de Carle le père d'Horace. À signaler que celui-ci n'a pas eu l'honneur d'une rue, ni de la moindre placette, ou bien même le pauvre seulement à quelque impasse sombre et désolée. Le sort est bien ingrat!


Bizarrerie :
Au nombre des toiles d'Horace Vernet figurent dans le musée deux versions identiques de " Mazepa"*. Cette peinture avait été commandée par la Fondation Calvet en 1823 mais elle fut éventrée accidentellement d'un coup de sabre au cours d'une des passes d'armes qui avaient lieu fréquemment dans l'atelier du peintre. Vernet décida d'en faire une réplique à l'identique, avant de restaurer la première version et d'envoyer le tout à Avignon. Les deux œuvres sont exposées côte-à-côte… enfin presque puisque pour les admirer ensemble il faudra attendre octobre, la seconde étant en dépôt au musée du Petit Palais à Paris pour une exposition sur le Romantisme.




* D'après un poème de Byron qui retrace l'histoire d'Ivan Stepanovich Mazepa, surpris en flagrant délit d'adultère avec l'épouse d'un noble polonais. Pour punition il fut attaché nu, sur le dos d'un cheval sauvage qui l'emporta au fin fond de la steppe ukrainienne afin d'y être dévoré par les animaux sauvages. Il sera recueilli et soigné par des paysans et deviendra prince d'Ukraine. Le même thème avait été exploité quelques années plus tôt par Delacroix.

Liens externes:



http://etc-etc.fr/sss.php?d=vernet-conf
ou en PDF
http://etc-etc.fr/media/vernet-conf.pdf

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