Voyage en Italie
Président de Brosses
Comment au XVIIIe siècle un voyageur voyait-il la Provence?
En1739 Charles de Brosses, le futur Président du parlement de Dijon part en voyage. Direction l'Italie. Il a 30 ans. Voyage indispensable d'un jeune homme de bien, qui souhaite parfaire ses humanités et devenir un honnête homme.
En ce temps là, le voyageur n'est pas un touriste, vite parti, vite revenu! Il prend le temps. (Mais peut-il faire autrement ?) Une année.
Très régulièrement il écrit à des amis. Le Président de Brosses est l'homme de son siècle, curieux de tout, un tantinet libertin (dans le sens du XVIIIe).
Avant d'aborder la péninsule il traverse la Provence. Avignon, Aix, Marseille, Aubagne (Une méchante et puante petite ville. Dira-t-il)… et ce qui deviendra plus tard le Var. (…) A l'exception de quelques jardins, on se trouve toujours entre des rochers effroyables jusqu'à Ollioules, où les collines commencent à être cultivées. Pour lors nous retrouvâmes la Provence; les roches sont remplies de grenadiers fleuris, qui y croissent naturellement, et les jardins et les campagnes, couverts d'orangers et de citronniers, voulurent nous dédommager de l'aspect affreux que nous venions d'essuyer.
Nous arrivâmes à Toulon à dix heures (…). La ville a un petit cours et beaucoup de fontaines. Ces deux choses lui sont communes avec toutes les villes ou bourgades de Provence, qui pour cela n'en sont pas moins puantes. Là le passage est toujours extrême des jardins aux rochers arides et de la m… aux bergamotes.
Le 17, nous passâmes au Luc,(…) Fréjus est une petite Ville fort ancienne, située sur une hauteur; je remarquai à l'entrée les restes d'un amphithéâtre des romains, dont l'enceinte est encore entière et l'un des côtés passablement conservé. À la sortie, je vis les ruines d'un grand et bel aqueduc, et le champ qui était autrefois le port de la ville, avant que la Méditerranée se fût retirée d'une demi-lieue. (…)
Publiées en 1836 les lettres sont aujourd'hui un grand classique de la littérature de voyage.
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