Fernando Pessoa est connu surtout pour ses romans. Mais c'est également un poète délicat et sensible. Voici un extrait du "Le Gardeur de troupeaux" poème qu'on dira bucolique.
Le Tage est plus beau que la rivière qui traverse mon village,
Mais le Tage n'est pas plus beau que la rivière qui traverse mon village,
Parce que le Tage n'est pas la rivière de mon village.
Il y a de grands navires sur le Tage
Sur lequel navigue encore,
Pour ceux qui croient voir partout ce qui n'est pas là,
La mémoire des grands vaisseaux.
Le Tage descend d'Espagne
Et le Tage se jette dans la mer au Portugal.
Tout le monde sait ça.
Mais peu de gens connaissent la rivière de mon village,
Où elle va
D'où elle vient.
Et c'est parce qu'elle appartient à moins de gens
Que la rivière de mon village est plus grande et plus libre.
Par le Tage on va vers le monde.
Au-delà du Tage il y a l'Amérique
Et la fortune pour ceux qui la trouvent,
Personne n'a jamais pensé à ce qu'il y a au-delà
De la rivière de mon village.
La rivière de mon village ne fait penser à rien
Quand on est près d'elle on est simplement près d'elle.
Fernando Pessoa
Le Gardeur de troupeaux
Éditions Unes - NICE 2018
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire