mardi 16 novembre 2021

Pour visiter Hyères. Un guide du voyageur. 3eme épisode


En 1834 les guides Michelin n'existaient pas encore, et de loin. Ne parlons pas du Routard, ou même des guides Bleus... Néanmoins le voyageur n'est pas pris au dépourvu. 

1834 On ne parle pas encore de La Londe, Horace Vernet est directeur de la Villa Médicis à Rome et pense plus à l'Algérie dont la conquête militaire est en train de se faire qu'aux Bormettes, dont il ignore vraisemblablement encore l'existence. Cependant  un ouvrage pratique détaillé à l'usage du voyageur que l'on n'appelle pas encore touriste est mis à sa disposition. C'est ce guide que nous vous proposons de découvrir à partir d'aujourd'hui.

Le texte que nous allons découvrir est recomposé pour une lecture plus aisée, mais nous avons tenu à en respecter l'orthographe originale.

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Embarquement vers des îles peu lointaines:


ILES D’HYERES.


Les trois îles appelées Porquerolles, Port-Cros et du Levant ou Titan, dépendent d’Hyères. Elles portaient anciennement la dénomination de Stoecades, puis d’Iles-d’Or, à l’époque où François 1er les érigea en marquisat. La première n’est qu’à trois lieues de la métropole, c’est la plus peuplée et la plus riante : l’olivier y est chétif, mais la vigne y vient très-bien et produit d’excellent vin. La place de l’arrivage est environnée de maisons dont la plupart n’ont qu’un rez-de-chaussée ; la forteresse qui la domine a été bâtie sous Louis XIV. A demi-lieue de la place au nord-ouest de l’île se trouve la fabrique de soude factice qui entretient constamment 150 ouvriers. Cet établissement curieux est administré par M. Rigaud. L’île appartient à M. Place ; l’air y est très salutaire et les eaux excellentes, Il serait difficile de rencontrer ailleurs plus de délices dans les agrémens de la pêche et de la chasse. La seconde île, celle de Port-Cros, est à une distance de six lieues de mer. Son quai, formant une ligne courbe, est très-bien entretenu, mais son intérieur est sauvage et montagneux. La forteresse élevée sur la place, où il n’y a que huit à dix maisons, est beaucoup plus ancienne que celle de Porquerolles. Au nord-est de l’île il existe également une fabrique de soude appartenant à MM. Gazzino et Rolland, de Marseille, possesseurs de cette île qui offre un port très-sûr pour le mouillage des navires. L’îlot de Bagueou, qu’on pourrait qualifier de garenne à lapins, en est à dix minutes. L’île du Levant est la plus grande et son sol le moins inégal. Elle est distante de demi-lieue de Port-Cros et la plus éloignée d’Hyères ; les céréales prospèrent sur cette île qui n’a que quelques habitations. Il y existe une vieille tour, appelée Titan, élevée sans doute à l’époque où les Romains avaient assujetti la Provence. On y rencontre une mine d’amiante, des pierres précieuses et de rares végétaux dont les semences y sont apportées de fort loin par les vents d’outre-mer.

En 1812, Napoléon eut l’idée d’élever au milieu des flots une forteresse imposante entre l’île de Port-Cros et celle de Porquerolles, ainsi que d’établir des jetées parallèles pour fermer aux Anglais le grand passage qu’elles laissent. Le général du génie Lariboissière inspecta les lieux, des essais furent opérés ; mais ce projet colossal était impossible à exécuter à cause de la profondeur des eaux.

Les Liguriens et les Celto-Lygiens se disputèrent long-temps la possession des îles d’Hyères. Les Romains les habitèrent et les cultivèrent; puis elles servirent de colonie paisible à des Grecs, et de lieu de refuge aux Maures et aux barbares du nord. Le Christianisme y conduisit de pieux solitaires que les Sarrazins firent esclaves en 1198.

C’est à ces îles que vint échouer et que fut pris, par des navires de l’empereur Vespasien, ce fameux Valens qui, dans la Gaule Narbonnaise, s’emparant de la flotte de son maître, cherchait à fomenter l’Italie.



Presqu’île.


La presqu’île de Giens fait aussi partie du territoire d’Hyères. Elle est située vers la partie sud-ouest de la ville, à une distance de deux lieues. Papon et Danville croient que ce lieu a été la station de Pomponiana, marquée sur l’itinéraire d’Antonin. On y parvient par deux étroites chaussées d’une lieue de long. Celle du côté du levant est boisée jusque vers son milieu où est la maison des pêcheries, séjour du plaisir et de la joie ; l’autre, au couchant, sablonneuse dans toute son étendue, sert pour le passage de la péninsule. L’intervalle des deux chaussées forme l’étang des pêcheries, affermé par la commune à M. Hébrard. Douze maisons composent le hameau relevé de la presqu’île de Giens ; les ruines de l’ancien Château avoisinent ces habitations et n’offrent rien de remarquable, si ce n’est une superbe voûte très-bien conservée et un vieil écusson à armoirie féodale. A un quart de lieue du hameau se trouvent au nord-ouest les établissemens de la pêche du thon, dirigés par M. Delauris, et à la même distance, du côté du midi, la forteresse nommée Tour-Fondue, où l’on place les signaux d’ordre qui établissent les communications avec l’île de Porquerolles, à une lieue de là. Deux, cents âmes environ composent la population de la presqu’île, qui appartient à M. Frédéric Sieveking, syndic de la ville de Hambourg. Mu par des principes d’humanité, ce propriétaire a affranchi les habitans emphytéotes des redevances qui les appauvrissaient. M. Salomon exploite le domaine de la presqu’île, en grande partie semable et complanté de vignes.


BATEAUX DE SERVICE DES ILES.


Celui de Port-Cros arrive aux salines le jeudi de chaque semaine, et part le lendemain, à midi;

Et celui de Porquerolles vient les lundi, mercredi et samedi aussi de chaque semaine, à la Tour. Fondue, située à la presqu’île de Giens, vers les six heures du matin ; il retourne les mêmes jours, à trois heures.



Prochainement: L'HISTORIQUE D’HYÈRES épisode n°4


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