mardi 24 octobre 2023

Droit de passage!



L'affaire a fait quelques remous. Quelque 500 personnes se sont réunies le dimanche 15 octobre au col de Marcieu (Isère), aux pieds du massif de la Chartreuse, pour demander un "libre accès pour tous à la nature", après qu'un propriétaire privé a interdit aux randonneurs de passer sur ses terres.

Depuis une loi du 2 février 2023, la présence de panneaux d'interdiction d'entrer permet d'opposer une contravention de 4e classe au fait de "pénétrer sans autorisation dans une propriété privée rurale et forestière".

Les choses sont claires. Respect de la propriété privée. Droit fondamental. Chacun est maître chez soi. Reste que dans des régions - nous n'en citerons aucune - où la propriété privée occupent 90% de l'espace naturel, avec les propriétaires qui ignorent parfois qu'ils le sont et quelles sont les limites de leurs biens, restreindre le passage et l'accès peut être mal vécu.


Les arguments avancés sont ceux de la protection de la nature. Chacun sait que les randonneurs de tous poils sont de grands destructeurs. Çà peut être vrai, mais de toute évidence marginal. Moins avouables, les raisons sont celles de se garder pour soi seul ou presque même si on n'y met jamais les pieds des espaces au simple principe du droit.

On va retrouver ici l'éternel concurrence entre les différents "utilisateurs" de l'espace naturel. Marcheurs, vététistes, cavaliers, chasseurs de champignons et de bêtes à plumes ou à poils, pique-niqueurs, herboristes et tant d'autres. 

Où est la solution? Si seul l'espace public reste accessible il ne restera bientôt plus que le goudron et les parkings. 

À travers le monde, les choix sont très différents voire opposés. Des parcs américains où il faut payer un droit d'entrée - L'ONF toujours à la recherche de financements en a parfois la tentation - aux pays où le libre accès existe comme la Finlande, l’Estonie ou la Suède, il est même inscrit dans la constitution depuis 1994.

Maintenant le fait de disposer du droit de pénétrer dans un espace naturel qu'il soit public ou privé ne signifie pas y faire n'importe quoi et si on veut pouvoir continuer à les fréquenter il faut pouvoir les respecter. Çà va sans dire, mais ça va mieux en le disant.

En attendant une proposition de loi va être déposé pour abroger la contravention instaurée par la loi du 2 février 2023. Une première pierre vers la solution d'un problème que la révolution de 1789 pensait avoir résolu. À suivre.


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